« la profession est aux abois »

« La profession est aux abois », ne craint pas d’affirmer le patron d’une des plus grosses agences françaises au journal Le Monde du 2 novembre 2009 qui pour la première fois, dans un article qui fera date et circule largement, lève un coin du voile sur ce qu’on ne peut plus continuer à masquer et titre « les petites agences d’architecture sont menacées».

Pourquoi ce constat aujourd’hui, lorsque chacun sait que ce mouvement qui s’accélère avec la crise est cependant engagé depuis longtemps que ce soit avec les réformes successives de déréglementation de la profession, en premier lieu l’abandon d’un barème, ou la diminution progressive de la commande publique, en particulier dans le logement social avec l’abandon de « l’aide à la pierre ». Serait-ce parce qu’on arrive au bout de ces réformes avec l’instauration récente des contrats de partenariats auxquels il ne manquait que la Directive Services pour permettre l’intégration au processus de quelques agences, au prix de la perte de leur indépendance.S’agit-il de convaincre le reste, c’est-à-dire la quasi-totalité des architectes de la nécessité de « s’adapter » à la situation qui en résulte, au nom du « réalisme » ?

Chacun s’interroge, l’important courrier reçu par DpA en témoigne :

  • Est-il possible de faire quelque chose,
  • Est-il encore temps d’agir ?

De ce point de vue on n’a pu que se féliciter de la réunion récente par le Croaif des organisations et associations de la profession pour débattre de la situation, en particulier de l’action à mener vis-à-vis de la Directive Service en cours de transposition en droit français. Et c’est bien volontiers que DpA a fait parvenir sa position par écrit conformément aux décisions prises lors de cette réunion du 20 octobre en vue d’une nouvelle réunion le 10 novembre.

Aussi comment ne pas s’étonner de la publication ce 3 novembre par le CROAIF de son courrier n°72 sur papier glacé qui appelle à « anticiper les conséquences de la Directive Service » au nom du réalisme, sous la forme :

  • Du renforcement des structures (mais comment lorsqu’une agence n’a pas enregistré de nouvelle commande depuis plusieurs mois, voire un ou deux ans).
  • De l’ouverture aux missions de Conseil, (dont on imagine sans peine la limite quoi qu’on en dise)

….. sans répondre à la seule question qui importe, celle de la commande.

La réunion du 20 octobre aurait-elle été une simple mascarade ?
Où est le réalisme, dans la compassion et l’accompagnement de la dégradation de la situation de ces milliers d’agences jusqu’à leur disparition, ou dans l’exigence de ce qui pourrait les faire vivre, la commande publique ?
En écho à ces positions, faut-il comme le CNOA voir dans le développement durable, devenu aujourd’hui exigence de tout projet architectural, une chance qui « ouvre un champ d’innovation et renouvelle le dialogue entre l’architecte et son client », à condition… d’avoir un client, qui de plus accepte de payer cette mission. Comment ne pas s’indigner, lorsque certains (dans le même article)  se félicitent de ce que « la crise n’a pas que des inconvénients, les maîtres d’ouvrage réfléchissent plus longtemps aux projets, sont plus à l’écoute et ouverts à des solutions écologiques et durables, ce qui donne un avantage à ceux qui, dans ce domaine, étaient partis les premiers. »
Le développement durable serait-il un critère de sélection (ou d’élimination ?) dans la compétition où on voudrait précipiter les architectes pour savoir qui doit rester, qui doit disparaître ?

A l’inverse, le constat du Monde «baisse du nombre de chantiers, diminution des honoraires…la crise frappe durement les architectes français, fragilisés par la taille, souvent modeste, de leurs agences. Le chiffre d’affaires global a chuté de près de 35%» ne pose-t-il pas la nécessité du rassemblement le plus large de la profession, voire de ses partenaires habituels dans une grande manifestation nationale pour exiger :

  • l’abrogation de la Directive services
  • et la relance de la commande publique

le bureau de DpA – 9 novembre 2009

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